La pêche au chalut détruit les grands fonds et surexploite des poissons vulnérables. Des
pratiques dénoncées par les ONG. Des réformes sont en discussion à Bruxelles et à l’ONU
“C’est un océanocide, le summum du délire technologique.”
Claire Nouvian, présidente de l’association Bloom, n’a pas de
mots assez forts pour dénoncer les ravages de la pêche en eaux
profondes. Grenadiers, lingues bleus, sabres noirs, empereurs
ou hokis, ces poissons aux noms exotiques que l’on retrouve sur
les étals et dans les cantines sont pêchés par des naviresusines
gigantesques qui raclent le fonds de la mer avec des
filets gigantesques et détruisent tout sur leur passage.
“C’est comme si pour chasser des antilopes dans la savane, on
ramassait tous les arbres et tous les animaux, y compris les
éléphants ou les girafes qui mettent très longtemps à se
reproduire.”
Car les abysses abritent des poissons qui peuvent vivre cent
ans et dont la population se renouvelle lentement. De même,
certains coraux d’eau froide mettent des milliers d’années à se
former. Ce monde fragile et méconnu abrite aussi des éponges
ou des requins en voie de disparition.
“Nous connaissons mieux la Lune ou Mars que le fond des
mers”, estime Michel Petit, président de l’institut
océanographique, et organisateur d’un forum sur les abysses.
Pour Greenpeace, la pêche en eaux profondes est une
aberration écologique mais aussi économique. “Les flottes sont
en surcapacité. Ces pratiques ne génèrent pas d’emploi et ne
seraient pas viables économiquement sans subventions
(modernisation de la flotte, gazole détaxé)”, assène François
Chartier, chargé de mission pêche de l’ONG, qui fait pression
pour obtenir un moratoire.
Le sort de la pêche profonde est en discussion à l’ONU jusqu’en
décembre. Des résolutions ont été prises pour protéger les
fonds marins, mais elles sont insuffisemment appliquées.
L’Union européenne est aussi en pleine réforme de la politique
commune de la pêche. Mais la France et l’Espagne sont bien
décidées à protéger leur activité.
Source: Metro France